Créé en septembre 1997 sous l’initiative du Prof Dr Denis Mukwege, dans une période post conflit caractérisée par la pénurie en médicament de qualité pour soigner la population au Sud-Kivu, le DCMP 8e CEPAC devrait centraliser les achats des médicaments pour les formations sanitaires de la 8e Communauté des Eglises de Pentecôte en Afrique Centrale.
Très vite, compte tenu des besoins énormes en médicaments à l’Est, la centrale a élargie sa couverture à d’autres formations sanitaires agréées ainsi qu’aux ONG locales et internationales œuvrant dans la Province du Sud-Kivu et à l’Est.
De plus en plus, la nécessité d’une restructuration interne du DCMP 8e CEPAC se faisait sentir, et en mars 2010, une nouvelle équipe avait été mise en place, à sa tête le Pharmacien Richard NECI comme Directeur et Pharmacien Responsable.
« Avant de prendre la tête du DCMP en Mars 2010, j’avais assumé les fonction de Pharmacien assistant et responsable des stocks de janvier 2007 à Mars 2010. Une seule pensée me traversait la tête tous les jours: voir notre province du Sud-Kivu, à l’instar des autres provinces du pays, se doter, à travers le DCMP, d’un entrepôt et un système d’assurance qualité répondant aux normes de BPD. L’opportunité était là, avec ce réseau bien établi des clients et partenaires au Sud-Kivu ».
Depuis sa création, DCMP 8e CEPAC a fonctionné dans une immeuble dont au rais de chaussée, était aménagé une salle de vente et livraison des médicaments et à l’étage, plusieurs petites pièces servant des zones de stockage. Les normes d’entreposage et la logistique étaient précaires, bien que les sources d’approvisionnement (essentiellement d’Europe – fournisseurs accrédités par ECHO, USAID, etc.) et la qualité des médicaments vendus étaient irréprochables.
La capacité de stockage était aussi faible : 2 containers 40 pieds remplissaient le dépôt au point de rendre tout mouvement impossible. Cela obligeait le Management du DCMP à passer plusieurs petites commandes entrainant des coûts logistiques élevés et des ruptures de stock incontrôlables.
« Après la prise de mes nouvelles fonctions comme directeur, j’avais vite compris qu’il était temps de faire quelque chose, pour améliorer le merveilleux service que nous rendions à la population ; et Dieu merci, j’avais le soutien total du Prof. Dr Denis Mukwege, chef de département des œuvres médicales ».
Néanmoins, un défi restait de taille : où trouver les moyens financiers nécessaires pour relever ces standards de BPD ? Par ses activités de ventes, en tant qu’Asbl, DCMP n’était en mesure que de couvrir ses besoins de son fonctionnement (salaire du personnel et charges d’exploitation), mais il n’y avait pas assez des réserves pour ses besoins d’investissement.
En 2011, à la fin du Projet AXxes financé par l’USAID et dont l’entreposage et la distribution des médicaments étaient assurés par d’autres dépôt pharmaceutiques, une opportunité fut offerte au DCMP et à un autre dépôt pharmaceutique local pour solliciter aussi une évaluation en vue de la sélection comme sites d’entreposage pour le nouveau projet qui devait commencer, le PROJET PROSANI.
« Devant cette opportunité, j’avais vite compris qu’une porte s’était ouverte pour qu’en fin mon rêve s’accomplisse pour notre province et pour le DCMP. Nous avions immédiatement aménagé un local plus large, dans un des bâtiments du Département des Œuvres médicales, qui nous a permis d’être sélectionnés par MSH dans le cadre du Projet PROSANI financé par l’USAID. C’était le point de départ de notre développement ».
Aussitôt que DCMP 8e CEPAC avait signé le 1e contrat en 2012, plusieurs mesures furent mises en place par le Département des Œuvres Médicales, assorties d’un plan d’action.
- Organiser une visite au niveau régional et international pour un renforcement de capacité managériale du Directeur et lui permettre de trouver un modèle de management et d’entrepôt qui s’adapteraient au contexte de notre région et à la vision d’expansion du DCMP.
C’est ainsi que DIFAEM (Institut Allemand pour la Mission Médicale), une organisation allemande confessionnelle, finança en 2012 la participation du Directeur au TBS (Technical Breifing Seminar) de l’OMS à Genève. Il s’en suivit la visite des entrepôts et du système AQ d’IDA et IMRES en Hollandes, STEROP en Belgique, de MEDS à Nairobi, de JMS à Kampala et certains dépôt locaux.
- Créer un plan d’épargne pour l’investissement sur 3 ans (2012-2014) des 100% des produits d’entreposage (prestations de service) pour la construction d’un entrepôt et la mise en place d’un système d’AQ répondant aux normes BPD.
- Construire et équiper l’entrepôt aux standard BPD.
- Solliciter l’accréditation nationale et internationale comme centrale d’achat humanitaire.
Le succès du DCMP dans l’exécution du contrat signé avec MSH dans le cadre du Projet PROSANI, a attiré d’autres partenaires à contracter pour l’entreposage. Il s’agit de l’IRC (2013-2016), CRS (2013-2014), PMU/ECHO (2014-2015), I+ SOLUTION/CORDAID (2015), MDM/ECHO (2016-2017).
« Ce contrat avec MSH et l’USAID n’a pas seulement influencé positivement nos activités d’entreposage pour les partenaires, mais aussi, a manifestement impulsé l’accroissement de notre chiffre d’affaire qui s’est énormément amélioré. Notre capacité de stockage augmenté nous permet d’avoir un stock suffisant pour répondre aux besoins de la province en médicaments. Nous nous sentons utiles à la province comme ce fût notre rêve ».
Grace à cet appui de l’USAID dans le cadre du Projet PROSANI, DCMP 8e CEPAC a réussi, sans subside, à construire l’entrepôt pour un budget énorme pour ainsi que pour l’équipement (chambre froide, étagères métalliques, équipements de manutention, mobiliers de bureau, générateur, etc.). Un système d’assurance qualité est mis en place avec un personnel qui est passé de 8 en 2012, à 28 depuis 2015, dont 4 pharmaciens.
« Nous adressons nos remerciements à l’USAID pour cet appui. Nous sommes une preuve que la meilleure aide est celle qui vise le renforcement du système. Ce que DCMP est devenu devrait encourager tous les partenaires à utiliser les structures locales pour permettre de laisser, après la fin de l’intervention, un système qui marche pour la pérennité de l’appui et pour le bien de la population.
Travailler avec DCMP 8e CEPAC, c’est contribuer à l’amélioration de l’accès de nos populations aux médicaments de qualité.
Chaque commande placée au DCMP est d’une valeur inestimable à l’amélioration de notre système pour l’accès aux médicaments de qualité ».
Racontée par l'ancien Directeur (2010-2020 Janv) du DCMP